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Jean-Marc
Thommen

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Né en 1965 et diplômé des Beaux-Arts en 1992, Jean-Marc Thommen est un peintre de la composition libre et un héritier des avant-gardes américaines. Son travail oscille entre gestes simples et juxtapositions complexes où rythme et silence s’accordent entre lignes et surfaces. Ses premières grandes œuvres murales des années 2010 engagent tout son corps à la manière d’un danseur. Sur un mur préalablement peint, l’artiste fait zigzaguer son pinceau, créant une succession de lignes entre graffiti et signature, jouant sur toute la surface monochrome du mur. Cette ligne fait vibrer la couleur et nous renvoie aux gestes premiers du dessin, à l’automatisme d’une signature d’adulte mêlé à la jouissance pure d’un enfant qui laisse glisser son feutre sur une feuille blanche, découvrant au fur et à mesure les formes qui en découlent. Ces œuvres in situ sont à la fois simples et complexes de par leur composition dont on sent l’équilibre parfait mais précaire. Ce travail sera le fil d’Ariane de l’artiste qu’il déclinera ensuite sur toile, en le complexifiant par ajout successif de techniques. Une évolution progressive à la manière d’une recherche scientifique sur le rapport entre fond et forme. Peu à peu, les monochromes deviennent transparents et laissent apparaître des tracés plus anciens ; le jeu des lignes, quant à lui, se densifie, s’empattant par endroits, montrant la trace du spalter s’asséchant sur la surface colorée.

Sans cesse en mouvement, Jean-Marc Thommen poursuit ses recherches formelles sur le rythme et la composition grâce notamment au collage qui lui permet de faire vivre différentes énergies picturales dans une même composition. On y retrouve la ligne, l’aplat, le dégradé, la transparence, la géométrie et bien sûr la couleur et ses intensités variables. C’est par exemple le cas dans la série "Débauche d’ébauches" où l’artiste multiplie les variations sur des petits formats. Ces expérimentations évoquent tour à tour une certaine histoire de la peinture, de Matisse à Paul Klee en passant par Jackson Pollock, Robert Ryman ou encore Barnett Newman. De plus grands formats sur toile viennent prolonger ce travail, d’où se dégage une élégance rare digne des improvisations jazz des débuts du XXe siècle. Apparaissent des diptyques qui permettent à l’artiste de rejouer le collage en permettant des césures franches entre deux intensités picturales. Dans ses dernières œuvres, l’artiste revient au noir et blanc dans des compositions abstraites où apparaissent par zones des impressions offset de photographies. Fragmenter la figure pour en extraire le motif, ajoutant ainsi une complication au mouvement de son œuvre tout en restant dans l’équilibre pur d’un jeu libre entre fond et forme. En somme, le travail de Jean-Marc Thommen est pour quiconque le découvre une ode à l’improvisation et une recherche constante d’équilibre. Son œuvre serpente de tracés et de motifs écaillés avec comme volonté d’atteindre une simplicité brute au sein d’une complexité cristalline.

 

 

 



Damien Levy​

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