Mona
Cara

Née à Hyères en 1997, elle vit et travaille à Paris.
Après un double cursus aux Beaux-Arts de Paris et aux Arts Décoratifs, Mona Cara propose un travail plastique autour du tissage, de l’installation et de la sculpture. Depuis sa sortie des Beaux-Arts en 2022 elle multiplie les projets ambitieux, les résidences et expositions. On citera par exemple son prix du public dans la manifestation Crush de Gaël Charbau en 2021, sa résidence à la Villa Panthéon en 2023, sa participation remarquée à la Biennale de Lyon en 2024, sa résidence au Brésil «Solar dos Abacaxis» la même année, ou encore sa présence dans l’exposition «I Hit you with a flower» curatée par Nanda Jansen au prestigieux Stedelijk Museum, près de Rotterdam. Ses oeuvres on su trouver leur place dans les collections publiques du MAC Lyon ainsi que celle du FRAC Occitanie.
L’année 2025 / 2026 sera également bien remplie avec sa première exposition personnelle à la galerie Idéale, une au PARCC de Labenne ainsi qu’une autre au Centre d’Art «Le Safran» d’Amiens.
On dit avec raison que les métiers à tisser sont les ancêtres des ordinateurs. Ils permettent de programmer le tissage de motifs complexes, de textures diverses, de compositions avancées. Ce sont autant de possibilités que Mona Cara a trouvées dans ce médium qui permet de créer des objets utilitaires autant qu’ornementaux. À partir de dessins et d’images chinées, elle dessine puis programme des fresques aux couleurs vives qui oscillent entre l’émerveillement acidulé des représentations issues de la pop culture et le flou cinétique, chargées d’informations, d’une errance dans les profondeurs d’internet laissant entrevoir une critique de nos sociétés sur-consommatrices d’images et de biens. En cela, elle s’inscrit dans la lignée d’artistes tels que Mike Kelley, Takeshi Murakami ou encore Annette Messager, dont le travail joue avec les codes de l’enfance en les détournant, révélant ainsi les aspérités rugueuses de notre monde.
Poussant les métiers à tisser industriels à leurs limites, Mona programme ces tissages afin de faire advenir des erreurs et ratés, des glitches dans l’exécution par la machine. Brouillant ainsi les représentations qu’elle nous propose, ces emberlificotements rappellent les bugs de compression vidéo dites de «datamoshing», faisant exploser les images en plaques juxtaposées de couleurs vives.
Son travail comme l’on fait d’autres tapisseries historiques raconte notre présent bousculée par le numérique, les marques, la publicité, la pollution, la guerre et le désenchantement du monde. Ces tissage monumentaux forment des fresques picturales dont le foisonnement de détails et les compositions dense ne sont pas sans nous rappeler les peintures de Brueghel l’Ancien. Cependant, la profusions des fils de couleurs ainsi que l’enchevêtrement des tissages déconstruit l’image et brouille les narrations.
Chacune de ses pièce joue sur cette beauté rassurante qu’imprime cette foison d’images, cette myriade de couleurs, cette surabondance de motifs comme pour nous gêner dans notre capacité à voir l’oeuvre dans son ensemble. Ce n’est pas pour rien que le travail de Mona Cara fascine. Il est la parfaite illustration de nos contradictions, il donne du «KAWAI», mais sous la surface, entre les fils, on devine le réel qui résiste et le monde qui part à la dérive.
Damien Levy