Jérôme
Robbe
Né en 1981, Jérôme Robbe est un artiste français qui vit et travaille entre Paris et Bordeaux. Après ses études à la Villa Arson, il concentre son travail sur la peinture et les expériences plastiques qu’elle peut offrir.
On perçoit chez l'artiste une grande sensibilité romantique qu'il s'efforce de tenir à distance. Il utilise des titres aux accents dadaïstes, feignant de représenter la splendeur d’un paysage naturel, tout en jouant avec l'aspect brillant et chic du vernis pour piéger le regardeur dans ses œuvres. Sa première installation monumentale, réalisée sur la terrasse du Musée Marc Chagall à Nice, en est un exemple manifeste. En choisissant de mêler peintures industrielles et chutes de marbre, il crée sur cette terrasse une peinture abstraite monumentale, entre vestige archéologique et paysage cosmique. Les couleurs industrielles choisies rappellent subtilement les aberrations chromatiques si chères à Chagall, tandis que l’ensemble évoque la splendeur des Nymphéas de Monet tout en empruntant au "all-over" américain.
Dans sa série "L’air de rien", les gammes chromatiques sont aqueuses ; les tableaux en plexiglas miroir, les châssis en aluminium brossé ; le pinceau devient un pistolet thermique. Ici encore, la beauté des matériaux bruts est comme défigurée et contrainte par l’artiste, qui fait fondre une partie de sa peinture. C’est dans cet aller-retour entre création et destruction que Jérôme trouve son équilibre, lui permettant de représenter sans jamais figurer.
La série des "Surfaces" s’inscrit dans cette même lignée. Nourrie par des années d’expérimentations, elle met en lumière la beauté des rencontres entre deux liquides aux densités différentes, une peinture qui se mire elle-même, réflexive en quelque sorte. Ces expérimentations pures ne sont pas sans rappeler le travail de Bernard Frize, à la fois calculé et aléatoire, conceptuel et organique.
Cependant, lorsque l’artiste revient par ponçage successif sur ces peintures, faisant apparaître la trace du châssis et découpant les espaces picturaux en rectangles mal définis, on se retrouve face à quelque chose de tout autre. Les "Light Surfaces" évoquent le travail de Mark Rothko, où fond et forme semblent vibrer dans un sfumato éthéré. À la fois paysages gazeux, écrans de fumée, apparitions fantomatiques, ces œuvres sont des palimpsestes qui se construisent par destruction et reconstruction successives. Elles gravent dans nos rétines les lignes et croix des châssis, évoquant à demi-mot l’absolutisme d’un Malevitch