Depuis plusieurs années, les guerres sont revenues sur le devant de la scène médiatique et politique. La guerre en Ukraine, mais aussi le conflit Israël/Palestine, la guerre en Syrie, celle au Yémen, les affrontements au Pakistan ou encore les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont autant de signaux alarmants d’un emballement guerrier à l’échelle planétaire.

La caisse de résonance que constituent les médias et les réseaux sociaux, ainsi qu’une propagande de guerre menée par chacun des camps impliqués donnent l’impression d’un monde au bord du gouffre. Chaque jour, nous sommes abreuvés de témoignages, de reportages, de faits plus ou moins vérifiés ; on dénombre les morts, on appelle à l’indignation, on nous demande d’agir, de prendre position. Guy Debord analysait déjà dans La Société du spectacle (1967) ces phénomènes de mise en scène par les médias, transformant la guerre en un objet de consommation visuelle et idéologique, où l’image prime sur la réalité.

C’est dans ce contexte inquiétant, que j’ai choisi d’inviter plusieurs artistes dont le travail a pour sources cette actualité guerrière. Ils s’intéressent aux images qui nous en parviennent et aux zones d’ombre qu’elles comportent, interrogeant ce brouillage médiatique permanent, ils ne cherchent pas à faire de la guerre un spectacle mais nous invitent à en sortir.

Ils se saisissent courageusement de ce sujet historique que sont les guerres et conflits, non pas pour délivrer un message, mais pour nous alerter sur le brouillard qu’elles créent dans nos esprits, sur la confusion entretenue par la surabondance d’informations, et sur la difficulté de discerner, au milieu du vacarme, ce qui relève du réel et ce qui est produit pour influencer nos perceptions.